5 conseils pour faire accepter ton manuscrit auprès d'une maison d'édition
Dernière mise à jour : 19 janv.
1% des auteurs qui ont envoyé leur manuscrit à une maison d'édition voient leur livre publié par la suite. Autant dire que la sélection est drastique. Pourtant, si les auteurs respectaient quelques règles élémentaires, je suis certaine qu'il y aurait plus de chanceux. En effet, les éditeurs ne cessent d'avertir les auteurs dans diverses interviews pour les inciter à respecter ces quelques points et ainsi voir leurs chances d'être sélectionné augmenter.

SOMMAIRE :
1- Respecter la ligne éditoriale
Qu'est-ce qu'attendent les éditeurs d'un manuscrit ? Je me suis longtemps posée cette question et au fil de mes recherches, j'ai noté plusieurs conditions indispensables pour voir son manuscrit accepté. S'il y a une chose à respecter impérativement et sans dérogation possible, c'est la ligne éditoriale !
Au-delà de l'évidence d'envoyer un manuscrit qui correspond au genre que publie la maison d'édition, il y a d'autres critères qui rentrent dans la ligne éditoriale auxquels on pense moins. Il peut s'agir de la longueur du manuscrit, du format : one-shot ou saga, et même des thèmes abordés dans le manuscrit.
Je pense par exemple à ActuSF qui n'acceptent que les one-shot qui comptent entre 300 000 et 600 000 signes. Une autre maison d'édition va publier de la littérature imaginaire, (comme ce que tu écris), oui, mais à condition que ça parle de féminisme, de religion ou encore de sorcellerie... Ça signifie que même si tu envoies un texte qui correspond au genre édité par la maison d'édition, ton manuscrit pourra être refusé car il ne rentre pas dans les "thèmes de prédilection" de ladite maison d'édition. Et toi, tu penseras que ton manuscrit est mauvais, tu seras peut-être découragé alors qu'il ne correspondait tout simplement pas à la ligne éditoriale...
Si toutes les maisons d'édition détaillaient l'intégralité de leur ligne éditoriale sur leur site internet, ce serait trop facile. En réalité, elles donnent rarement toutes ces informations alors il faut regarder de très très près leur catalogue : observer la longueur des livres publiés, quels thèmes sont abordés, et même quel sont les styles d'écriture qui ressortent...
Attention, il ne s'agit pas de copier ce qui se fait déjà, de se forcer à rentrer dans un moule ou de modifier son manuscrit juste pour correspondre à une ligne éditoriale. En revanche, ça peut te permettre d'envoyer ton manuscrit à la maison d'édition qui sera la plus susceptible de publier ton roman, afin de te donner plus de chance.
2- Respecter les modalités de transmission du manuscrit
On est sur des détails administratifs mais le diable se cache dans les détails. Entre les maisons d'édition qui demandent un synopsis de 6 lignes exactement, celles qui veulent votre manuscrit sous format numérique, et les autres sur format papier exclusivement avec une interligne 1.5... Il y a de quoi s'y perdre !
Mais ce serait trop bête de passer à côté d'une chance de publier ton manuscrit pour ce genre de détail. Il ne faut pas se le cacher, si tu ne respectes pas ces formalités, ton manuscrit ne sera sans doute même pas lu. Beaucoup d'éditeurs, passionnés, vont eux même au courrier tous les matins pour jeter un œil aux manuscrits reçus. Et d'un simple coup d'œil, la moitié part à la poubelle car ça ne correspond pas à la ligne éditoriale ou parce que ça ne respecte pas le format. Je l'ai lu dans pratiquement toutes les interviews d'éditeurs...
Autre chose, chacun à ses petites manies et ça, ça n'est pas précisé sur leur site en général. Par exemple, j'ai déjà lu que certains éditeurs s'offusquaient de recevoir des manuscrits en main propre pendant les salons littéraires alors que d'autres trouvaient justement que c'était là une très bonne occasion pour discuter avec les auteurs souhaitant se faire éditer ! Pour le savoir, il faut se renseigner sur les directeurs de collection via les médias et les réseaux sociaux.
Petite astuce : adresse ton manuscrit au nom de l'éditeur. Il y a une petite chance supplémentaire que le manuscrit arrive jusqu'à lui, ne serait-ce que parce que tu as fait un effort de recherche. 😉
"J'attends d'un auteur qu'il ait vraiment quelque chose à dire, et qu'il le dise différemment."
Pascale Gautier des éditions Buchet/Chastel (interview pour L'express)
3- Avoir quelque chose à raconter sur le monde
Peu importe ton genre d'écriture ou la maison d'édition que tu vises, elles attendront de ton manuscrit un petit truc en plus pour qu'elles te disent oui à toi. Ce petit truc, c'est que tu racontes quelque chose sur le monde. Cela signifie qu'il ne suffit pas d'écrire une histoire de vampire, de château-fort et de hobbit (oui tout ça dans le même livre pourquoi ? 😉)
Raconter quelque chose sur notre monde, ça peut être critiquer un système politique à travers une dystopie, dénoncer une discrimination sexuelle, religieuse à travers une romance, etc... Il doit y avoir quelque chose à dire sur notre monde, en arrière plan de l'histoire de tes personnages. Je pense par exemple à la saga de la Passe-miroir de Christelle Dabos qui ne parle pas seulement d'Arches qui volent mais aussi d'émancipation des pressions familiales et sociétales. Et là, on peut voir le lien avec notre monde à nous, c'est pour ça qu'on s'attache aux personnages et à l'histoire...
Ce quelque chose à dire sur le monde doit servir de moteur, de fil conducteur à ton histoire. Pour illustrer mon propos, je te laisse avec quelques recommandations d'éditeurs :
Jérôme Vincent des éditions ActuSF (interview pour Le point): "J'aime quand c'est nerveux, sans temps mort et que ça parle du monde".
David Meulemans des éditions Aux forges de Vulcain (interview pour Le Point) : "Sens du récit, goût pour la langue et souci de dire quelque chose sur le monde. Si vous voulez dire quelque chose de vrai, et que vous croyez que seule l'imagination permet de voir le monde comme il devrait être, et que c'est la mission de la littérature de changer le monde, alors, rejoignez-nous !".
Pascale Gautier des éditions Buchet/Chastel (interview pour L'express) : "J'attends d'un auteur qu'il ait vraiment quelque chose à dire, et qu'il le dise différemment."
Alix Penent des éditions de l'Olivier (interview pour l'Express) : "Nous sommes à la recherche d'une veine romanesque, d'une écriture et d'une vision du monde".
4- Développer son style d'écriture
Il y a une multitude de styles différents, et c'est propre à chaque écrivain puisque c'est sa signature. D'après mes recherches, les maisons d'édition demandent "un style original", "un bon style" ou encore "un vrai style". Si elles savent exactement ce qu'elles recherchent, pour nous, ce n'est pas bien clair ! En réalité, il existe tellement de possibilités : styles poétique, informatif, incisif...
Pour trouver la maison d'édition qui publie des livres dont le style se rapproche le plus du tien (même si on ne te demande pas de rentrer dans un moule hein), il faut lire les livres que cette maison d'édition publie, et notamment les livres publiés dans le genre que tu écris. Tu vas pouvoir analyser ce qui à l'air d'intéresser cette maison d'édition, améliorer ton propre style et même te démarquer en développant ton originalité.
Peu importe ton style d'écriture, il y a deux critères qui doivent être communs à tous les écrivains pour séduire une maison d'édition : avoir un sens du récit et le goût pour la langue française. Même un style dit "simple" ou "fluide" nécessite du travail et ne doit pas être confondu avec un style "pauvre" qui a encore besoin d'être travaillé.
Ainsi, et comme l'a si bien dit Pierre Lemaître : "Écrire c'est réécrire". Il a écrit 22 versions de son livre "Au revoir là-haut" qui a remporté le prix Goncourt en 2013. Bernard Werber est aussi un spécialiste de la réécriture et n'hésite pas à redémarrer de zéro son histoire, quand ça ne lui convient pas.
Bref, pour arriver à un texte abouti, il faut de la patience et de la persévérance. Le travail finit toujours par payer alors ne sois pas trop pressé...
5- Envoyer un texte abouti, pas de précipitation
Frédéric Weil des éditions Mnémos résume très bien ce que les maisons d'édition attendent : « Tout d'abord, surprenez-nous ! Ne cherchez pas à copier vos prédécesseurs ! Les lecteurs sont comme nous, ils n'aiment pas relire la même histoire, le même monde, les mêmes personnages. Forgez votre style ! Affirmez votre langage. Faites-en aussi un monde, travaillez vos mots créés, infusez votre imaginaire dans votre écriture, elle sera votre premier passeur, aussi bien en termes d'émotions, d'idées que de trame narrative. Inventez une véritable histoire et, surtout, faites-nous vibrer par les thématiques présentes ou sous-jacentes, les destins et les personnalités de vos personnages. Armez-vous de patience pour la rédaction de votre texte. Écrire un roman c'est long, très long, fastidieux et répétitif. Écrire, c'est surtout corriger, relire et réécrire. »
Pour en arriver à ce stade, ça prends du temps, beaucoup de temps. C'est une des principales erreurs des jeunes auteurs : la précipitation. On veut terminer rapidement d'écrire son livre, le publier rapidement pour enfin avoir un retour des lecteurs. Et c'est tout à fait normal ! Mais ne vaut-il pas mieux privilégier un texte de qualité ? Je cite Gilles Rozier, cofondateur des éditions de l'Antilope : "Il faut envoyer son texte au moment où on pense qu'on ne pourra pas aller plus loin tout seul".
Traduction : il faut envoyer un texte abouti, ce qui te donnera plus de chances auprès des éditeurs. Et n'oublie pas que tous les auteurs ont un jour reçu une lettre de refus. Bernard Werber a envoyé son manuscrit "Les Fourmis" pendant 6 ans à tous les éditeurs et il a même reçu trois lettres de refus de son éditeur actuel, Albin Michel. Pourtant, son livre a reçu plusieurs prix littéraires, a été traduit dans plus de 30 langues, s'est vendu à plus de 2 millions d'exemplaires et a été adapté en BD, en jeux vidéo et au cinéma.
Pour Bernard Werber, « le découragement fait partie du mode de sélection » des maisons d'éditions. Tu veux écrire ? Alors ne te décourage pas. Écris et réécris. Le travail paie toujours.