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Ton roman est-il sexiste ?

Dernière mise à jour : 19 janv.

Il est très fréquent de voir tomber un roman dans la catégorie sexiste, malgré la bonne volonté de l'auteur ou de l'autrice. Comment ? Rien qu'à cause du traitement des personnages féminins qui sont fréquemment stéréotypés...


Reprenons du début. Pourquoi éviter les personnages féminins stéréotypés dans ton roman ?

Parce qu'ils sont un tue-l'amour entre ton roman et tes lecteurs.

Parce que les personnages féminins stéréotypés nous font lever les yeux aux ciel, nous agacent, nous mettent en colère.

Parce que le recours aux stéréotypes est souvent inconscient ; parce qu'ils sont omniprésents dans les œuvres culturelles qui nous entourent. Des personnages féminins stéréotypés peuvent faire basculer un roman dans le sexisme, alors même que l'auteur ou l'autrice avait la volonté de créer des personnages féminins forts et indépendants.


Le meilleur moyen de chasser les stéréotypes est donc de le faire consciemment, en te penchant spécifiquement sur cette question.



SOMMAIRE :

  1. La liste non exhaustive des personnages féminins stéréotypés les plus fréquents

  2. Les qualités jugées féminines qui peuvent faire sombrer ton personnage dans le stéréotype si tu en cumules trop

  3. Trois tests à faire passer à ton roman pour évaluer la représentation du genre féminin


 

1- La liste non exhaustive des personnages féminins stéréotypés les plus fréquents


Commençons par lister les personnages féminins stéréotypés que l'on retrouve le plus souvent dans les romans. Tu peux ainsi vérifier si l'un des personnages féminins de ton roman se retrouve dans cette liste alors que ce n'est pas une volonté de ta part.


⚠️​ Attention, ce n'est pas parce que ton personnage féminin se retrouve dans cette liste qu'il faut absolument le changer ! Libre à toi de faire tes choix, en toute connaissance de cause. Il est utile de connaître les personnages féminins stéréotypés si on veut offrir aux lecteurs un personnage différent, plus original ou plus réaliste.


Par exemple, une travailleuse du sexe n'a pas forcément à être victime de traite humaine et de violences de la part de ses clients. Elle peut avoir choisi de créer son activité indépendante de travailleuse du sexe et s'épanouir dans cette profession.


La liste :

  • La demoiselle en détresse : jolie femme que le héros doit sauver. Elle sert principalement d'intérêt romantique et de faire-valoir au héros ;

  • L'innocente aux yeux de biches : ne se rend pas compte de l'effet qu'elle produit autour d'elle, elle se retrouve souvent au cœur d'un triangle amoureux ;

  • La travailleuse du sexe : un grand cœur mais une victime condamnée à assouvir le plaisir égoïste des hommes ;

  • La guerrière amazone : séduisante, indépendante, avec du caractère, elle rejette les hommes. C'est le contre-pied de la demoiselle en détresse ;

  • La femme fatale : séductrice qui mène le héros à sa perte ;

  • Le garçon manqué : personne du sexe féminin qui adopte plusieurs attitudes considérées comme masculines ;

  • La fille populaire : belle, riche, condescendante, elle a une horde d'admiratrices et admirateurs à ses genoux dans le lycée ;

  • La fille studieuse : se préoccupe uniquement de ses études ;

  • la femme acheteuse compulsive

  • la femme qui sait exactement ce qu'elle veut MAIS qui tente de l'obtenir par la séduction (en devenant adorable, câline ou boudeuse) et la consommation (vêtements, maquillage, tout pour séduire), ce qui revient au cliché de la femme acheteuse compulsive

  • La femme qui gravite autour de l'un des thèmes suivants : la mode, les bébés, la sensibilité, la fidélité...


Si on creuse le sujet encore un peu plus, on s'aperçoit que même quand un personnage féminin ne fait pas partie de cette liste ; on peut lui avoir attribué des traits de caractères qui, cumulés, participent également à créer des personnages féminins stéréotypés.


 

2- Les qualités jugées féminines qui peuvent faire sombrer ton personnage dans le stéréotype si tu en cumules trop


Dans la vie, il y a des qualités jugées féminines et d'autres jugées masculines. Je sais, ça n'a pas vraiment de sens. Comment une qualité pourrait-elle bien avoir un genre n'est-ce pas ? Mais c'est un fait, un biais cognitif. Je me rappelle mes cours de psychologie à la fac où la professeure nous a fait faire un exercice très simple.


Nous devions imaginer avoir devant nous une infirmière à la recherche d'un emploi. Il fallait lister les qualités qui, selon nous, étaient nécessaires pour exercer son métier. Ensuite, nous avons fait la même chose mais cette fois, avec un infirmier. Même métier, et pourtant... Les qualités que nous avons trouvées ont changé selon qu'il s'agissait d'une infirmière ou d'un infirmier. Pour une infirmière, elle devait avoir des qualités d'empathie, d'écoute, de bienveillance, etc. Ce sont ce qu'on appelle des qualités féminines car considérées socialement comme naturellement féminines. Pour l'infirmier, il devait faire preuve de rigueur, de force pour porter les patients, de maîtrise de soi, etc. Ce sont des qualités dites masculines. Tu vois ou je veux en venir ? Ce sont des biais cognitifs, des stéréotypes que nous avons presque tous car véhiculées par la société. Et le problème, c'est qu'on n'en a rarement conscience...


C'est la raison pour laquelle, quand tu crées un personnage féminin, tu vas souvent, malgré toi, lui attribuer des "qualités féminines". Si c'est un choix intentionnel, alors ne change rien. Je ne dis pas non plus qu'il ne faut donner aucune de ces qualités à un personnage féminin. Ces qualités n'ont pas de genre, tu les donnes au personnage que tu veux. J'attire juste ton attention sur le fait qu'en attribuer beaucoup au même personnage, peut le faire basculer dans les stéréotypes...


Voici donc une petite liste de "qualités féminines", non exhaustive :


versatile, gentille, attentionnée, coquette, déterminée, douce, tendre, dévouée, souriante, gracieuse, rieuse, pudique, attentive, aimante, sensible, jolie, belle, forte, maternelle, propre, rangée, patiente, accueillante, compatissante, inspirante, rêveuse, charmante, raffinée, soignée, initiatrice, stable, éducatrice, mystérieuse, protectrice, insaisissable, battante, brillante, élégante, sensuelle, courageuse, puissante, intuitive, réceptive, généreuse, partageuse, communicante, aimante, juste, joyeuse, empathique, à l'écoute, bienveillante, docile, agile.


 

3- Trois tests à faire passer à ton roman pour évaluer la représentation du genre féminin


Et si malgré tes efforts, tes personnages féminins étaient encore stéréotypés ? Comment le savoir ? Heureusement, tu peux t'appuyer sur des tests déjà existants et connus désormais dans le monde de la littérature. Ces tests vont te permettre de vérifier que ton roman n'est pas victime de la sous-représentation du genre féminin.



1- Le test de Bechdel


Ce test a été imaginé par une autrice américaine de BD, Alison Bechdel, pour l'une de ses œuvres, Les lesbiennes à suivre (1985).


a- Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom) dans l’œuvre ;

b- qui parlent ensemble ;

c- et qui parlent de quelque chose qui est sans rapport avec un homme.


Attention toutefois, ce test présente des limites : il ne prend pas en compte les questions de diversité des femmes, leur rôle dans l'histoire ou encore la façon de les montrer. Le film Gravity échoue au test alors que Sandra Bullock est presque tout le temps seule à l'écran. En effet, le film échoue car il ne contient aucune scène montrant deux femmes qui parlent ensemble. Ce test est donc à adapter au type de roman que tu écris.



2- Le test de Mako Mori


Il peut être utilisé en complément du test de Bechdel car plus précis. En effet, le test de Bechdel laisserait passer une oeuvre dont le personnage féminin ne serait que le faire-valoir d'un personnage masculin. Lui aussi se compose de trois critères :


a- Le roman doit avoir au moins un personnage féminin ;

b- Ce personnage a son propre arc narratif ;

c- Cet arc ne consiste pas à être le faire-valoir d'un personnage masculin.


Le film Suicide Squad ne passe pas ce test car le personnage principal féminin : Harley Quinn est le faire-valoir d'un personnage masculin : le Joker.



3- Le test de la lampe sexy


Ce dernier test est le plus radical. Créé par la scénariste Kelly Sue DeConnick, elle propose de remplacer un personnage féminin par une lampe, et de voir si l'histoire est modifiée. À titre d'exemple, le film Gatsby le magnifique échoue à ce test ainsi que la majorité des James Bond.



Je ne sais pas quel est ton avis sur la question, mais pour moi, écrire un roman qui n'est pas coupable de sous-représentation du genre féminin ressemble un peu à un parcours du combattant. La raison principale ? On est entouré d’œuvres qui sous-représentent le genre féminin et inconsciemment, on reproduit parfois les mêmes schémas. Pour éviter cet écueil, il est donc important d'avoir conscience de ces mécanismes, de ces biais cognitifs et de prendre le temps de travailler et retravailler tes personnages féminins, pour les créer exactement comme tu les as souhaités.



Sources :

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